Haute Bévoye


Texte suivant est extrait de l’ouvrage « Les fermes-Chateaux du pays Messin par Albert Haefeli.

« La Haute Bévoye est la seule ferme sise sur le territoire de la ville de Metz,
Un chemin débouchant à Grigy sur la route de Strasbourg y conduit,
Juchée en haut d’un léger vallonnement, elle domine les vastes espaces,
Elle conserve encore un certain attrait avec sa tour d’angle (colombier) à haute toiture d’ardoise, l’amorce d’une tour dans le corps des dépendances, les vestiges de ses fossés comblés depuis peu,
Le château, vaste maison de la fin du XVIII ème siècle est sans intérêt, Toutefois, les restes d’une porte du château médiéval retiennent l’attention. L’emplacement de ce dernier est encore inscrit sur le terrain mais il n’en reste rien.
Des arbres remarquables agrémentent toujours cette vieille demeure .
Nous trouvons « Halte Bévoi dès 1314.
C’était une seigneurie de haute, moyenne et basse justice du Pays Messin, sise dans le Saulnois, dépendant de la mairie d’outre seille, C’était une annexe de Vercly et Béville anciens villages situés près de Metz.
Monsieur Clercx, Bibliothécaire à Metz nous dit dans les mémoires de l’Académie de Metz (1846-1847).
« Nous avons trouvé dans un arrêt du conseil d’État du Roi daté du 23 février 1753 que le village de Vercly aurait été détruit entièrement lors du siège de Metz en 1552 par Charles-Quint, que le château de Haute Bévoye, situé sur le territoire de Vercly avait seul été rebâti et que ledit château appartenait à une demoiselle Chautant, Le château avait été pillé et brûlé par les ennemis au moins de juin de cette année ».
Nous savons qu’elle appartint aux Gournay en 1404, aux Foês en 1600, aux Lespingal en 1655, puis aux Duret de Chevry.
Charles Duret de Chevry, avocat au parlement de Metz, fils de Charles Duret, Seigneur de Chevry et de Magdelaine Gobelin, né en 1633, fut reçu au Parlement de Metz en 1658 et devint président à Mortier en 1683, Il avait épousé Denyse-Catherine de Villé.
En tant que propriétaire et seigneur de Haute Bévoye, il fit le 24 mai 1681 son dénombrement (AD,B2367).
Nous y lisons :
« La seigneurie de la Haute Bévoye et la (?) quart dans la seigneurie du dit ban de Verquely ( sic) seituez dans le diocèse de Metz paroisse Eucaire, consiste en un château entouré de fossez, la basse cour joignant aussy entouré d’un grand fossez, le colombier, le jardin avec les parterres et un autre jardin à arbres appelé de la Dame, pour le total et le quart, et le quart dans le dit ban de Verquely dans lesquelles seigneurie j’ay environ 70 journaux de terres labourables et environ 13 journaux de preyz dans lesquels j’ay droit de haute, moyenne et basse justice ».
En 1712, Jean Antoine Chautant, entrepreneur général des fortifications de Metz et Thionville, se rendit acquéreur du fief et devint seigneur de Haute Bévoye, Vercly et Béville.
Il avait épousé Marie Sené. De cette union devait naître Jeanne Esther Chautant le 14 septembre 1697 . Elle épousera François Thirion, conseiller à la cour des comptes, Aides et Finances du Parlement de Metz.




Le mariage eut lieu dans la chapelle de la Haute Bévoye, par contrat de mariage, elle reçu en dot la seigneurie et les terres de Haute Bévoye.
Plus tard, leur fils François Thirion de Vercly, chevalier de Saint Louis, capitaine au corps Royal d’Artillerie, reçut lui aussi la Haute Bévoye à titre de gage sur la dot que lui faisaient ses parents lors de son mariage avec Marguerite Roederer, il s’en réservait l’usufruit .
Au moment de la Révolution, François Thirion dut faire un partage de pré-succession le 25 Germinal an VI ( 14 avril 1797), par suite de l’émigration de ses fils, Louis-François et Pierre-Henry. Les terres abandonnées par les deux émigrés furent rachetées par Françoise-Marie Thirion leur sœur.
Louis-François s’était rendu à Dresde pour y apprendre l’allemand, il n’en fut pas moins arrêté à son retour en France et fut frappé d’un arrêté de déportation. Fouché devait le rayer définitivement le 8 Frimaire an X (29 novembre 1801). A la Restauration, il sera nommé Lieutenant-Général des Armées du Roi, inspecteur de l’Artillerie de Marine, il mourut célibataire.
Sa sœur, Françoise-Marie, épouse de Philippe-louis Mangay, restait seule héritière de la Haute Bévoye.
A la mort de François Thirion père, en l’an XII (1804), un inventaire fut dressé le 19 Germinal an XII (6 avril 1804) qui nous apprend que la maison comportait toujours une chapelle, nous y lisons :
« Dans la chapelle prenant jour sur le jardinet et sur la cour, quatre flambeaux, un Christ d’argent haché, quatre pots de fleurs, un prie Dieu, un bénitier en cuivre, deux bancs, un calice de cuivre, huit fauteuils,,,, ».
Le salon devait être important puisqu’il contenait :
« Sept fauteuils de velours vert, onze fauteuils garnis de roseaux, une table à damiers, deux encoignures de cheminées, dix rideaux de toile à carreaux, une glace dans son cadre doré,,, »
La bibliothèque était riche de « Trois cent cinq volumes reliés et brochés de différents ouvrages… »
La seule héritière de Françoise-Marie Thirion, épouse de Philippe Mangay avocat à la cour, devait être Marie-Louise Alma Mangay, épouse d’Adolphe Huot, conseiller à la cour Impériale de Metz.
Lors du mariage de leur fille Marie-Alma Huot avec Théodore Baraillon, en 1851, ils lui donnèrent la Haute Bévoye en dot .
Théodore Baraillon était propriétaire , maire de Chambon-sur-Voueize (Creuse) le ménage devait s’y fixer puisque c’est là, que Madame Baraillon devait décéder en 1877 sans postérité.
Le domaine revint à son frère, Charles-Maurice Huot, avocat à la Cour.
Il avait épousé Louise Faultier. A sa mort, survenue en 1896, la Haute Bévoye passa à sa fille Victorine Théodore Amanda Huot, épouse Edouard Villeroy demeurant à Beaumarais-lès-Sarrelouis, puis à Versailles.
La Haute Bévoye devait rester aux mains de cette famille jusqu’à nos jours.
Monsieur Villeroy de Galhau est propriétaire jusqu’à 2005.
Juillet 2005, La Haute Bévoye domaine privé, non répertorié sur la liste supplémentaire des monuments historiques change une nouvelle fois de mains en vue de sa restauration complète sur fonds privés…Le domaine ayant souffert d’un manque d’entretien durant un siècle et de trois guerres portées par nos chers voisins prussiens…


Dessin à la plume et encre brune avec rehauts de craie blanche. d’Auguste Migette vers 1868.


Carte de Metz et sa région, Cassini, vers 1780, on y distingue « Haut Bevois » au SUD EST de Metz.
SHD, (SERVICE HISTORIQUE DES ARMÉES).